Aérien : le premier vol transatlantique au kérosène vert a reçu l'aval des autorités britanniques

Affrété par la compagnie britannique Virgin Atlantic, cet avion fonctionnera à 100% avec du carburant vert. Le décollage est prévu fin novembre à partir de l'aéroport d'Heathrow. Si le vol a bien lieu, il sera une première dans l'histoire de l'aviation commerciale.
Selon la plupart des études, l'aviation représente quelque 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Selon la plupart des études, l'aviation représente quelque 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. (Crédits : Lindsey Wasson)

Un pas de plus pour le monde de l'aviation, bousculé par l'impératif de se décarboner face à la question climatique. Le premier vol transatlantique au monde propulsé uniquement par du carburant vert a reçu ce lundi l'aval de la CAA, le régulateur aérien britannique.

La CAA a ainsi délivré à la compagnie Virgin Atlantic « un permis pour effectuer le premier vol transatlantique au monde utilisant 100% de carburant d'aviation durable SAF », selon le communiqué du régulateur. La compagnie aérienne devra encore obtenir l'autorisation des régulateurs américain, irlandais et canadien, car le vol passera dans l'espace aérien de ces pays.

Décollage prévu le 28 novembre

La compagnie, fondée par le milliardaire britannique Richard Branson, prévoit de faire décoller le 28 novembre de l'aéroport d'Heathrow, à Londres, un Boeing 787 équipé de moteurs Rolls-Royce, à destination de l'aéroport JFK de New York. L'autorisation accordée ce lundi « fait suite à un programme d'examens techniques » menés par le régulateur, y compris des essais au sol sur un moteur Rolls-Royce Trent 1000, a précisé la CAA.

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Le gouvernement britannique avait annoncé en décembre dernier soutenir« jusqu'à 1 million de livres » ce projet mené par la compagnie aérienne en collaboration avec l'avionneur américain Boeing, le motoriste britannique Rolls-Royce ou encore le géant des hydrocarbures BP.

Levier central pour décarboner le secteur

Produits à partir d'huiles usagées, résidus de bois ou algues, les SAF (pour « sustainable aviation fuel ») sont utilisables en complément du kérosène (jusqu'à 50%) dans les avions actuels. Ils sont considérés comme le principal levier de décarbonation du secteur pour les décennies à venir, mais leur production reste balbutiante, insuffisante et surtout encore très onéreuse.

Pour arriver à décarboner l'aviation, les besoins en carburant de type SAF sont immenses. L'Association internationale du transport aérien (Iata) estime, dans son ambitieux projet de « zéro émission nette » de CO2 pour le transport aérien à l'horizon 2050, que 450 milliards de litres de SAF seront nécessaires chaque année. Elle s'est donné pour objectif intermédiaire 30 milliards de litres en 2030... contre 300 millions de litres produits en 2022.

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De son côté, l'Union européenne s'apprête à imposer aux compagnies aériennes des obligations progressives d'incorporation de SAF dans le kérosène. En 2050, 63% du carburant d'aviation devra être durable, dont au moins 28% seront des électrocarburants. Les Etats-Unis ont également adopté une législation, le « Sustainable Aviation Fuel Grand Challenge », qui vise à avoir assez de SAF en 2050 pour répondre à la totalité de la demande de l'aviation.

Les« e-fuels », autre alternative possible

Autre type de carburants sur lesquels le secteur travaille : les « e-fuels » fabriqués en combinant de l'hydrogène, produit à partir de sources décarbonées comme les énergies renouvelables ou le nucléaire, et du CO2 capté dans l'air ou dans les fumées industrielles. Pour développer cette filière, fin septembre, la France a même créé un « Bureau français des e-fuels », qui réunit acteurs publics et privés, experts, universitaires, industriels et financiers sur le sujet.

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Selon une étude de l'Observatoire français des e-fuels, l'Hexagone compte pour l'heure 24 projets de production de carburants de synthèse, représentant un investissement de 3,6 milliards d'euros. Ces 24 projets représentent une capacité de production équivalente à 528.000 tonnes de pétrole (tep), principalement pour du kérosène et du méthanol de synthèse.

Pour rappel, selon la plupart des études, l'aviation représente quelque 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si les motorisations actuelles d'avion consomment beaucoup de moins de kérosène conventionnel que dans les années 70-80, le chemin pour une décarbonation significative demeure encore long.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 07/11/2023 à 11:00
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Carburant payé par tous avec un renchérissement des denrées agricoles pour cause d'empiètement pour produire ce carburant vert...

à écrit le 07/11/2023 à 8:21
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Ce serait bien que l'on connaisse la composition de ses carburants et leur mode de fabrique.

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