Des associations déposent deux recours contre le projet d'extension de l'aéroport de Lille

Trois associations ont déposé deux recours devant le tribunal administratif de Lille pour contester l'autorisation environnementale délivrée par le préfet au projet d'extension de l'aéroport de Lille-Lesquin. L'un d'eux est en référé pour « suspendre son exécution » en raison de « l'imminence d'un forage-test » qui pourrait débuter en novembre. Les associations sont vent debout contre ce projet pour des raisons environnementales, mais aussi de santé pour les populations survolées.
Le projet prévoit entre autres l'agrandissement du terminal, la création d'un nouveau parking et l'élargissement de la piste principale, ainsi qu'une mise à niveau fonctionnelle de l'aérogare et des parkings.
Le projet prévoit entre autres l'agrandissement du terminal, la création d'un nouveau parking et l'élargissement de la piste principale, ainsi qu'une mise à niveau fonctionnelle de l'aérogare et des parkings. (Crédits : ENIA Architectes)

Quatre mois quasiment jour pour jour après la signature du préfet du nord « valant autorisation environnementale » au projet d'extension de l'aéroport Lille-Lesquin, trois associations l'attaquent. Ce projet prévoit entre autres l'agrandissement du terminal, la création d'un nouveau parking et l'élargissement de la piste principale, ainsi qu'une mise à niveau fonctionnelle de l'aérogare et des parkings.

Une opération qui ne fait pas l'unanimité. Les associations Nada (Non à l'agrandissement de l'aéroport de Lille Lesquin), Nord nature environnement (NNE), et France nature environnement Hauts-de-France ont en effet déposé deux recours dimanche et lundi, a annoncé leur avocate Me Muriel Ruef. Un premier au fond vise à « faire annuler » l'autorisation environnementale et un second recours en référé à « suspendre son exécution » très rapidement.

Cette seconde procédure en urgence s'explique en raison de « l'imminence d'un forage-test » qui pourrait débuter en novembre, a détaillé l'avocate. Si les maires des communes concernées ont refusé d'accorder les permis de construire, ce forage-test, qui vise à étudier la possibilité d'équiper l'aéroport d'un système de chauffage par géothermie, « n'en a pas besoin pour commencer », a-t-elle expliqué.

Risques environnementaux et de santé

Selon l'avocate, l'autorisation environnementale est entachée d'illégalité, notamment parce qu'elle « protège insuffisamment la ressource en eau », la nappe de la craie, dont dépend 40% de l'eau distribuée dans la métropole de Lille. Cette nappe « est déjà polluée par l'aéroport, selon l'expert hydrogéologue, et on va aggraver cette pollution en imperméabilisant plusieurs hectares » et via des forages, a-t-elle déploré.

Les associations comptent également soulever devant le tribunal « l'insuffisance de l'étude d'impact et des prescriptions » du préfet du Nord. Lors d'une manifestation devant l'aéroport en octobre dernier, ils expliquaient « s'y opposer pour des raisons d'abord climatiques ».

« Augmenter le trafic aérien va entraîner une augmentation des émissions de gaz à effet de serre alors que les scientifiques du climat sont clairs sur le sujet, il faut les réduire si on veut limiter les conséquences du réchauffement climatique », dénonçait Capucine Saulpic de l'association Nada. Et de poursuivre : « On s'y oppose aussi parce que les conséquences sur la santé des populations survolées sont énormes, il y a des impacts sur le sommeil, une augmentation des risques de maladies cardiovasculaires et pulmonaires ».

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Projet « d'un autre âge »

Me Ruef dénonce un « projet d'un autre âge, à l'heure où 40% du trafic de cet aéroport, ce sont des vols Lille-Lyon, accessibles en train ». « Ce projet est anachronique, inutile, ne répond pas aux attentes des habitants. Notre pétition recueille aujourd'hui 14.000 signatures. Malgré tout, l'État veut passer en force », a dénoncé Pascal Verbeke, porte-parole de Nada.

Il a appelé les propriétaires de l'aéroport, la métropole de Lille et la Région Hauts-de-France, toutes deux « engagées dans des plans de respect de l'eau, de l'air, de réduction des émissions de gaz à effet de serre », à « reconnaître l'inutilité de ce projet ».

Le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, a de son côté réagi lundi, estimant que « sans remettre en cause ce projet de modernisation, très important pour toute la région », « des mesures de protection supplémentaires » pouvaient être prises pour « répondre aux inquiétudes ».

La direction de l'aéroport justifie ce projet d'extension par la croissance du nombre de passagers depuis sa construction. Dimensionné « pour un trafic annuel de 1,5 million de passagers lors de sa mise en service en 1996 (...) avec un trafic annuel en 2019 proche des 2,2 millions de passagers », le terminal « atteint certains jours le seuil de saturation, notamment en saison estivale », selon l'aéroport. Et l'avenir risque d'être pire avec un scénario de croissance retenu qui « vise 3,9 millions de passagers à l'horizon 2039 ».

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(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 08/11/2022 à 13:26
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Si ces écolos ne veulent pas prendre l'avion, qu'ils prennent le train ou le vélo. Mais qu'ils fichent la paix aux autres !

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