Hervé Guillou devrait lâcher la barre de Naval Group en 2020 mais...

Tout indique que l'actuel PDG de Naval Group devrait quitter le groupe en mars 2020. Mais Hervé Guillou a de la ressource. Les jeux sont faits, rien ne va plus.
Michel Cabirol
Qui va succéder à la tête de Naval Group à Hervé Guillou ?
Qui va succéder à la tête de Naval Group à Hervé Guillou ? (Crédits : Stephane Mahe)

La succession d'Hervé Guillou à la tête de Naval Group agite de plus en plus en coulisse le petit cercle de la défense. Le ministère des Armées y réfléchit sérieusement depuis la fin du printemps. De manière coordonnée avec Thales (35% du capital de Naval Group), il souhaite un candidat de long cours pouvant mener deux mandats (10 ans) et donc d'avoir une vision à long terme pour cette pépite de l'industrie de défense. Le mandat d'Hervé Guillou, qui a été renouvelé par décret du président de la République le 13 février 2015, s'achève en mars 2020. Et le PDG de Naval Group, atteint par la limite d'âge, aura 65 ans le 24 mars prochain.

Rapidement une pré-liste de cinq à dix noms a été établie et testée par le ministère. Et parallèlement, au début de l'été, un chasseur de tête a été mandaté par l'Etat pour trouver la perle rare, qui doit avoir au moins ces trois qualités : un industriel, ayant une très bonne connaissance des grands programmes (cycles longs), et surtout prêt à endosser le costume de PDG pour 450.000 euros max. La rémunération d'Hervé Guillou, qui s'élève à 303.600 euros par an pour la part fixe, peut atteindre jusqu'à 450.000 euros au total grâce à la part variable (146.400). C'est peu pour un job de cette envergure au regard des standards internationaux. Ce qui limite d'ailleurs l'attrait pour ce poste.

Trois, quatre candidats crédibles en piste

Mais cela n'a pas empêché quelques noms de circuler. Comme celui de Benoit Ribadeau-Dumas - ce qui l'a agacé prodigieusement. Le directeur de cabinet d'Edouard Philippe a pour autant une légitimité au regard de son passé d'industriel dans le secteur de la défense et de l'aéronautique (Thales et Zodiac). Celui de Luc Rémont qui est administrateur de Naval Group, a également tourné plus discrètement cette fois-ci, mais la piste s'est vite refroidie. L'Etat lui a demandé si le poste pouvait l'intéresser mais cet ancien de la DGA, passé par Bercy a estimé qu'il avait mieux à faire chez Schneider. En interne, plusieurs noms, dont ceux d'Olivier de la Bourdonnaye, directeur des programmes de Naval Group, et Nathalie Smirnov, directrice des services, ont été avancés, mais, a priori ce ne sera pas le cas. Cette dernière serait même sur le départ, selon des sources concordantes.

De son côté, le chasseur de tête a établi à sa propre initiative une liste de noms, dont ceux d'Alexis Morel, directeur général de l'entreprise Thales Underwater Systems, et Jean-Loïc Galle, PDG de Thales Alenia Space. Mais Thales ne souhaite pas soutenir de candidatures venus de ses rangs. Pas question d'apparaître comme le grand méchant loup chez Naval Group et dans le milieu de la défense. Au final, trois ou quatre candidats crédibles seraient encore en piste, des candidats ayant tous un passé d'industriel, dont  certains ont effectué des allers-retours entre le civil et la défense, explique-t-on à La Tribune. D'autres estiment en revanche que le profil des candidats ne tient pas la route pour être nommé PDG. Ce qui pourrait ouvrir la voie à la dissociation de la fonction de PDG (directeur général et président du conseil d'administration). "Mais cette option de la dissociation de la fonction de PDG a été refermée très vite", explique-t-on au sein de l'Etat.

Et Hervé Guillou ?

Pour Hervé Guillou, ce serait bien sûr du pain béni si l'Etat considérait qu'aucun candidat ne tenait la route. Le patron de Naval Group a d'ailleurs fait le point un peu après la mi-septembre devant les hauts cadres de la maison. Il a alors estimé que trois hypothèses restaient encoure ouvertes : sa reconduction pour deux ou trois ans avec un changement de statut de la société, la dissociation de la fonction de PDG et, enfin, l'arrivée d'un nouveau PDG.

La première hypothèse a peu de chance d'aboutir. Cela ouvrirait d'ailleurs une nouvelle crise majeure entre Naval Group et son actionnaire privé Thales, les deux PDG entretenant notoirement des relations tendues. Et une nouvelle crise entre les deux champions français seraient désastreux aussi bien en France que sur les marchés à l'export. L'Etat est attentif à une entente entre les deux groupe. Il faut donc "les deux patrons de ces grands groupes d'armement travaillent bien ensemble. Ce qui n'a pas toujours été le cas par le passé. C'est un euphémisme. Il quand même important que les deux groupes soient bien alignés dans le contexte stratégique", explique-t-on à La Tribune.

Hervé Guillou, qui n'a pas démérité à la tête de Naval Group sur le plan commercial notamment, manœuvre en coulisse pour rester à la tête du groupe naval, indiquent plusieurs sources concordantes en interne. C'est pour cela qu'il défendrait la deuxième hypothèse avec un ticket avec son poulain, Olivier de la Bourdonnaye. Mais qui sera le futur PDG de Naval Group, adoubé également par Matignon et l'Elysée ? Il n'est pas sûr que le choix est fait et la roue peut encore tourner d'ici à la fin de l'année.

Michel Cabirol

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