La RATP reste dans le rouge en 2023, avec une perte nette en très forte hausse

L'année 2023 s'est terminée sur une perte nette de 109 millions d'euros pour le groupe public de transports, plus importante que les 26 millions de 2022. Elle mise désormais sur la réussite des Jeux olympiques, durant desquels l'efficacité des transports sera particulièrement scrutée.
La RATP affiche pour la deuxième année consécutive une perte nette, de 109 millions d'euros en 2023 après 26 millions en 2022.
La RATP affiche pour la deuxième année consécutive une perte nette, de 109 millions d'euros en 2023 après 26 millions en 2022. (Crédits : Reuters)

Coup dur pour la Régie. La RATP affiche pour la deuxième année consécutive une perte nette, de 109 millions d'euros en 2023, après 26 millions en 2022, selon les résultats publiés ce vendredi. Plusieurs facteurs ont été énumérés, dont la hausse des prix de l'énergie et la mauvaise performance de ses filiales.

« Si nos résultats restent comme en 2022 fortement pénalisés par le niveau élevé de l'inflation, en particulier sur le prix de l'électricité, les tendances de fond sont encourageantes », a toutefois relativisé le PDG de la RATP Jean Castex, insistant sur les comptes à l'équilibre de l'Epic et le redressement de l'offre de transport.

Dans le détail, le chiffre d'affaires du groupe atteint 6,5 milliards d'euros, en hausse de 7,2%, « tirée par l'augmentation de l'offre de transport sur le bus et le métro en Île-de-France », précise la RATP dans son communiqué.

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Coup de pouce

L'Etablissement public industriel et commercial (Epic), qui regroupe le cœur historique de l'activité du groupe, c'est-à-dire les transports parisiens, dégage, lui, un petit bénéfice de 18 millions d'euros. Dans le même temps, la RATP a souligné « l'impact massif de l'inflation sur les coûts de production (+396 millions d'euros) », ne parvenant à basculer dans le vert que grâce à une rallonge accordée en fin d'année dernière par l'autorité organisatrice, Ile-de-France Mobilités (IDFM), et une aide exceptionnelle de l'État.

Pour rappel, IDFM a signé en décembre dernier un avenant au contrat la liant à la RATP, prévoyant une rallonge de 285 millions d'euros (dont 125 pour l'année 2023) au titre des hausses de salaire accordées par Jean Castex à ses agents. L'État a lui versé 50 millions d'euros d'aide pour couvrir les dommages financiers subis par l'entreprise pendant la pandémie de Covid-19.

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Les comptes équilibrés devraient permettre à la Régie de verser un intéressement aux salariés du groupe en Ile-de-France - évalué à environ 1.000 euros par les syndicats. Ces derniers, et notamment FO, premier syndicat chez les conducteurs du métro, avaient fait peser la menace de mouvements sociaux en cas non-versement d'un intéressement en 2024.

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Filiales à la traîne

Les filiales, notamment RATP Dev qui concentre les activités du groupe hors Ile-de-France, pèsent un quart du chiffre d'affaires. En revanche, elles présentent une perte nette de 127 millions d'euros. Cette perte est notamment due à l'activité des bus londoniens, largement déficitaire en raison de l'inflation et des difficultés de circulation à Londres, pour laquelle la RATP cherche toujours un repreneur.

En Ile-de-France, le trafic voyageurs, en hausse de 4,3% sur le réseau, a néanmoins poursuivi sa remontée en 2023, « porté par le retour à l'offre nominale sur le réseau ferré, l'amélioration de la production sur le réseau de surface et le rebond du tourisme en Ile-de-France » grâce à la Coupe du monde de rugby, précise la Régie dans son communiqué.

Toutefois, le trafic voyageurs reste en retrait de 14% par rapport à 2019 sur le réseau de transport francilien exploité par la RATP. Le mouvement contre la réforme des retraites au premier semestre et les émeutes au début du mois de juillet ont, en effet, pénalisé l'activité.

Retards chroniques

Il faut dire que la RATP a accusé de nombreux retards, surtout depuis la crise sanitaire. Les problèmes de recrutement du personnel ont largement nui à la dégradation de la ponctualité du service ces deux dernières années. Pour résoudre la situation, la RATP a mis le paquet pour recruter des conducteurs et des employés de maintenance, et elle met désormais l'accent sur les agents en station.

L'offre de transports a peu à peu remonté la barre depuis 2022 pour retrouver progressivement ses niveaux d'avant-Covid, en particulier pour les bus. Trois lignes de métro restent toutefois en grande difficulté : la 6, la 8 et la 13.

Autre fléau rencontré : l'absentéisme et l'explosion de faux arrêts de travail. Ils représentent 50% des « pertes de production » des transports franciliens, c'est-à-dire de la différence entre l'offre réelle et l'offre prévue dans les contrats avec IDFM. La RATP a multiplié les contrôles des arrêts de travail, et a recruté quatre médecins dans cet objectif. Plus d'une centaine de licenciements ont été décidés à la suite de la découverte de certains de ces faux arrêts.

Par ailleurs, le nombre de colis abandonnés a explosé ces dernières années : six colis sont oubliés chaque jour sur l'ensemble du réseau, trois fois plus qu'en 2019. La RATP compte néanmoins réduire les délais d'intervention des équipes cynotechniques, en les répartissant un peu mieux sur le réseau et en passant de 20 à 36 chiens capables de détecter les explosifs.

Valérie Pécresse, par ailleurs présidente de la région Ile-de-France, s'est également félicitée d'un accord passé avec les services de secours qui permettront de sortir des rames les personnes victimes d'un malaise, alors qu'il faut jusqu'à présent les soigner sur place - ce qui entraîne des retards.

En route pour les JO

Pour 2024, la RATP n'a pas communiqué d'objectifs financiers. Mais elle a évidemment les yeux tournés vers les Jeux olympiques, organisés à Paris du 26 juillet au 11 août.

« Le groupe RATP devra relever des défis majeurs en 2024 », indique l'entreprise ce « qui impliquera une mobilisation exceptionnelle de l'entreprise pour assurer l'accueil et le transport des spectateurs vers les sites olympiques ».

A moins que les grèves ne viennent s'inviter à la fête. L'entreprise publique va inaugurer de nouvelles infrastructures cette année comme le prolongement de la ligne 11, celui du tramway T3b mais surtout, de la ligne 14 jusqu'à l'aéroport d'Orly, qui desservira à la fois le village olympique et le Stade de France. Sa livraison est attendue pour juin, à peine deux mois avant l'ouverture de la compétition.

Pour moderniser ses rames, la RATP s'est également lancée dans de multiples investissements. Jean Castex avait salué par avance fin janvier l'achat de nouveaux métros MF19, mais regretté une décision « prise avec vingt ans de retard ».

Début février, la région Ile-de-France a également donné son feu vert à une commande géante à Alstom de 103 nouvelles rames qui seront livrées d'ici trois à cinq ans. Il s'agit de remplacer les rames de la ligne 13 surchargée et promise à être automatisée, et une partie de celles des lignes 8 et 12, dont les piètres performances pénalisent les usagers et les nombreux touristes visitant la capitale.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 09/03/2024 à 9:26
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Bonjour, dire que les services est acceptable est deja un compliment... s'est sales, souvent en grève, les rames de metro sont loins d'etre en tres bonne etat et l'insécurité est permanente.... donc je crois que l'ons peux faire mieux ...Ensuites...

à écrit le 08/03/2024 à 20:03
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Tous ces machins publics qui font des pertes sont-ils gérés par des énarques, comme l'est le gouvernement? Solution: privatiser l'ENA... ou la supprimer!

à écrit le 08/03/2024 à 17:12
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des super-pertes!!!! c'est paye par personne via des augmentations d'impots ' pour ceux qui en ont les moyens, eux'......moi je vote une petite taxe de perequation sur les rentiers de la republique qui gagnent 10% de plus que dans le prive, ca ne cou...

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